vendredi 14 mars 2008

Communisme municipal : les maires rouges ont-ils le blues ?



Le communisme municipal, entre idéaux et pragmatisme

743 maires, une poignée de villes historiques et une tripotée de petites communes. Sur le papier, voilà ce qu’il restait du communisme municipal, avant le premier tour des élections municipales. Des bastions, derniers signes de résistance d’un PCF mourant. Mais le communisme municipal, c’est aussi, et surtout, une culture politique spécifique, qui reste bien ancrée dans le Nord-Pas-de-Calais, notamment dans l’ancien bassin minier.


« Le communisme municipal, ça ne signifie pas grand chose ». Georges Gastaud, secrétaire général du Pôle de renaissance communiste (PRCF) du Pas-de-Calais n’y va pas de main morte. Pour expliquer, un retour aux sources s’impose. Marx. « Le communisme, à l’origine, avait des visées mondiales, et non locales ». Et puis l’Histoire, plus pragmatique que les idées, est passée par là. Des édiles communistes ont été élus et ont imposé leur propre gestion des municipalités, très axée sur le développement social, le dynamisme associatif, et, bien sûr, la résistance au capitalisme. « Maintenant, être maire communiste, c’est devenu, en soi, un acte de résistance et de survie. Le communisme d’avant-garde n’existe plus, on a voulu banaliser les idées pour élargir l’audience et finalement, c’est l’inverse qui s’est produit», déplore l’ancien militant, parti défendre la rupture auprès du PRCF. « Il n’y a plus de cohérence nationale, on a abandonné les maires communistes en voulant réformer le parti ».

Si les grands idéaux semblent avoir quitté de longue date les hôtels de ville, une certaine façon de faire de la politique, est restée, dans les communes de moins de 9000 habitants, avec des maires très implantés, un réseau dense d’associations. « Dans le bassin minier, la conscience de classe est restée très prégnante, ce sont des communistes de la vieille école qui sont réélus, leurs méthodes continuent de plaire». D’après la fédération du Pas-de-Calais, le communisme municipal, c’est avant tout de la démocratie participative et de la codécision avec les citoyens. On est effectivement bien loin du centralisme démocratique d’antan.

Les deux fédérations, Nord et Pas-de-Calais, se disent plutôt satisfaites des résultats du premier tour et confiantes pour le deuxième tour. A St Amand-les-Eaux, le chef du groupe communiste à l’Assemblée nationale Alain Bocquet a été réélu avec plus de 76% des voix.
En milieu rural, aux environs de Lens et Liévin, de nombreux élus ont aussi conservé leurs sièges. Seclin, seule ville communiste de la communauté urbaine de Lille devrait également rester entre les mains de Bernard Debreu.

Reste le seul et gros bémol : la perspective de perdre Calais, ville symbole, gérée par le PCF depuis 1971. Pour Georges Gastaud, il n’y a pas de hasard. « Depuis les années 80, Jacky Hénin porte la mutation, la volonté de réformer. On ne peut pas tenir sur des bases communistes si on ne l’est qu’à moitié. Il a manqué de clarté politique vis-à-vis des électeurs communistes. Et l’électorat communiste n’est pas un électorat docile».

Emilie Gavoille

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