jeudi 6 mars 2008

Lille : Verts et roses mariés en blanc

Marie-Pierre Bresson et Eric Quiquet ont mené la campagne en duo - Photo Gaël Cogné
Finalement, en dix ans, rien n'a changé. A Lille, l'alliance Verts-PS est de nouveau en vogue, Eric Quiquet et Martine Aubry remplaçant Dominique Voynet et Lionel Jospin. On dit même leurs relations amicales. Mais le leader des Verts sait que le mariage ne vaudra pour six ans de plus que s'il renouvelle le score de 2001.



Pour Eric Quiquet, le minimum dimanche, « c'est d'être en position de se maintenir au 2e tour, c'est à dire 10% des suffrages exprimés. C'est une limite administrative. » L'objectif est « d'au-moins 15,5% », de manière à maintenir le rapport de force instauré en 2001.

Ce score surprenant avait alors permis aux Verts de négocier confortablement entre les deux tours et de bénéficier d'une certaine latitude durant sept ans. « Ils disposent d'une assez grande autonomie d'autant plus que Quiquet a des délégations importantes à la communauté urbaine », explique Frédéric Sawicki, professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Lille. « On a su imposer pas mal de choses », se félicite Quiquet.

Arrivé à la mairie à 31 ans (il en a maintenant 38), le Calaisien a appris à négocier ferme face à Aubry, mais surtout face aux autres socialistes. « Une partie du PS était opposée à l'installation des voitures en libre accès et finalement ça s'est fait », affirme Sawicki, qui décrit un échange de bons procédés. « Aider Quiquet face à ses amis socialistes peut aussi être utile à Aubry pour faire passer des décisions contestées au sein du PS. »

Les adjoints Verts à la mairie étaient en charge durant sept ans de l'environnement, de la petite enfance et des transports et déplacements. Ils mettent en avant la création du parc Lebas, les couloirs de bus ou l'extension du métro. Le plan de circulation ne fait pas toujours l'unanimité mais nulle trace du surnom de « Khmers Verts » dont sont affublés les écologistes parisiens. Pourtant, « nous avons le même but, à savoir diminuer le nombre de voitures », rappelle Quiquet.
Martine Aubry l'a sans doute davantage soutenu, et les Lillois ont évité les dérapages. Les rapports entre les Verts lillois et Martine Aubry sont-ils les mêmes qu'entre Denis Baupin et Bertrand Delanoë ? « Pas du tout », assure Marie-Pierre Bresson, n°2 de la liste : « A l'inverse de Delanoë qui accapare les réalisations des Verts, Aubry reconnaît que son bilan est bon grâce aux Verts. »
Là où Delanoë appelle à se méfier de son allié de sept ans avant le scrutin, pas une pique n'est venue durant la campagne de la candidate socialiste.

Pour autant, tout ne passe pas. La piétonnisation de la Grand Place s'est heurtée à la cordialité des relations entre la mairie et les commerçants. Surtout, le grand stade, ultime projet de Pierre Mauroy en tant que président de la LMCU, a été un point de désaccord majeur entre les alliés, pas pour autant brouillés. « Les Verts n'ont pas avalé de couleuvres » assure Noël Mamère, très fier de la résistance ouverte des siens, qui continuera après les élections : « Il est encore temps de dire stop à cette folie financière qu'est le grand stade », martèle Quiquet, persuadé d'être « le dernier rempart face à l'hégémonie socialiste. » Tout en restant plus que jamais candidat pour être son meilleur allié.

Clément Guillou

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