jeudi 13 mars 2008

Tourcoing Sud : deux femmes, deux visions


Dans le canton de Tourcoing Sud s’affrontent deux femmes aux CV semblables et aux idées contraires. Sur la société, mais aussi sur la relation qu'entretiennent les femmes à la politique et vice versa.


Brigitte Lherbier, UMP, 51 ans. Juriste à la tête de l’Institut d’études judiciaires, elle enseigne le droit de la famille à l’université Lille II.

Maryse Brimont, PS, 45 ans. Juriste qui travaille pour une association d’aide au logement, ex-enseignante à plein temps (en droit public et droit constitutionnel), elle conserve une conférence à Sciences Po.

Les deux candidates ont des parcours qui se ressemblent et ce n'est pas un hasard. Prof et juriste, la combinaison serait heureuse: « Une prof n’a que des visions d’avenir », dit Brigitte Lherbier, « La loi, c’est la loi, nous faisons une campagne républicaine et très respectueuse », dit Maryse.
Les deux femmes s’affrontent dimanche pour représenter et défendre Tourcoing Sud au Conseil général du Nord. L'objectif du Conseil: vivre mieux. Ses domaines de compétence sont le social, l’éducation, l’économie ou la culture. Dans le cas du Nord, peut-être plus qu’ailleurs, le conseil général est aussi un « amortisseur local de pauvreté », selon Maryse Brimont, la candidate socialiste.

Bataille d'idées

Le canton est étroit (jusqu'à Mouvaux), les arguments de campagne ne le sont pas. Les candidates ne se livrent pas à une bataille électorale à portée microscopique, elles défendent toutes deux un choix de société : « Je réitère, la question est: dans quelle société veut-on voir vivre ses enfants ? », dit encore une fois Maryse.
Brigitte Lherbier est une femme de taille moyenne, qui aime mettre une touche de rouge dans ses tenues. Cheveux courts et Twingo bleu, elle a l’air dynamique : «Je suis une pugnace, le Conseil général est ma vocation ». Elle dit : « Je veux aider les gens à retrouver de la dignité. La droite épaule, la gauche assiste ». Et puis : « Les socialistes sont des fatalistes ». Partout, des photos d'elle avec les ministres du gouvernement, Hortefeux, Estrosi ou Bertrand: « Les photos, c'est mon truc ! »
Maryse Brimont est aussi déterminée: « je me battrais jusqu’à mon dernier souffle». Avec son débit d’enseignante (elle marque les virgules), elle explique qu’elle est « née » socialiste. Elle se bat, elle, contre le monde vu par Sarkozy, qui prône « le modèle américain des années 80 aujourd’hui complètement dépassé, un modèle libéral de solitude ». « Et c’est la prof de sciences politiques qui parle !»

Féminitude

Deux femmes aux visions antagonistes qui ne vivent pas leur “sexualité politique” de la même manière. Tandis que Brigitte Lherbier raconte son parcours difficile au sein de l’UMP, «je me suis battue», Maryse Brimont raconte avoir été accueillie au PS dans «l’égalité et la fraternité». La parité? Maryse pense qu'elle a des effets pervers, que ce sera bientôt obsolète. Alors que Brigitte Lherbier pense, «bien sûr», que les femmes gouvernent autrement, «plus sensibles à l'aide aux personnes parce qu’elles sont mères », Maryse Brimont se fâche : «Je suis contre la féminitude, un homme est aussi sensible qu’une femme ! La seule différence entre les deux, c'est la masse musculaire». D'accord sur rien, en somme.

Au premier tour, Brigitte Lherbier a obtenu 37,7% des voix. Maryse Brimont a, elle, réuni 26,93% des voix. Les Verts et les Communistes ont appelé à voter pour la candidate socialiste mais elle attend toujours la consigne de vote du Modem, qui a fait un bon score au premier tour (13,29%). Dimanche, la participation sera décisive. Les électeurs de Mouvaux, plutôt de droite, iront voter dimanche pour le deuxième tour des municipales et des cantonales. Mais ceux de Tourcoing, plus à gauche, iront-ils voter alors que le maire a été élu au premier tour ?


Nolwenn Le Blevennec

Aucun commentaire: