La socialiste Sylvie Brachet vient de gagner la mairie de la désormais très connue ville de Bergues. Elle s'est imposée dans la triangulaire qui l'opposait à deux candidats de droite, issus de l'équipe municipale sortante.
Avec 39,13% elle s'empare d'une commune gérée par la droite depuis soixante ans.
La liste de Maryline Ornon, sur laquelle était inscrit le maire sortant André Leclerq a remporté 33,78% des suffrages. Jacques Martel, le carilloneur, a recueilli 27,09% des voix.
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lundi 17 mars 2008
Les ch'tis de Bergues sont passés à gauche
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Sylvie Brachet
vendredi 7 mars 2008
Tendu chez les Ch’ti : les municipales à Bergues, sans Dany Boon
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A Bergues, tous les regards sont tournés vers le beffroi. Depuis que Dany Boon y a tourné un inattendu blockbuster, la commune des Flandres endosse le rôle de capitale médiatique du Nord. L’état de grâce ferait presque oublier les élections municipales. Deux adjoints se disputent la succession d'André Declercq. Entre eux, la gauche tente de se faire une place.
Boosté par les 5 millions d’entrées de Bienvenue chez les Ch’ti, le tourisme, principale ressource économique de la ville fortifiée, a redémarré de plus belle. « C’est sûr, il y a de plus en plus de gens et de journalistes dans les rues de Bergues », constate Daniel, propriétaire du café de la poste. Dans les bars de la Grand’place, Dany Boon veille sur les comptoirs. Photos dédicacées, souvenirs… Il monopolise les mûrs et bien sûr, les conversations. Pourtant, face au beffroi, un autre film se joue dans les coulisses de la Mairie.
Dans le rôle principal, Jacques Martel, candidat à la succession d’André Declerq. Adoubé par le maire sortant, il se présente en tant que candidat sans étiquette, carillonneur de son état. Adjoint à la culture et à la communication, « Bienvenue chez les Ch’ti », c’est lui. « Il faut bien distinguer ce que dit l’adjoint et ce que dit le candidat », prévient-il en début d’interview.
Se jeter du beffroi ? Non merci.
Invité jusque sur le plateau de Laurent Ruquier, il bénéficie de toute l’attention des journalistes. Un temps de parole tombé du ciel qui fait grincer les dents des deux autres têtes de liste, Paul Lammin (sans étiquette) et Sylvie Brachet (liste de gauche).
« On travaille depuis plusieurs mois sur la campagne et elle se retrouve mise de côté par ce déferlement médiatique », constate Paul Lammin, un rien blasé mais pas amer. Lui ne travaille pas dans le beffroi. Son QG de campagne: un bureau improvisé à l’arrière de sa boucherie. Sans jouer les rabat joies, il reconnaît les bienfaits du succès du film mais déplore ses répercutions sur le déroulement des élections municipales. « Quand tous les candidats de France mènent une campagne pour aller à la rencontre des gens, Jacques Martel n’a vu que des journalistes. » Il ironise. « Vous voulez que les médias viennent pour moi ? Et bien je vais me jeter du beffroi et ils viendront. Non merci, ça va aller. » Commerçant dans l’âme au verbe facile, l’ancien adjoint à l’économie revendique la succession au trône et refuse d’être qualifié de dissident. « Un dissident s’écarte d’une majorité, moi c’est le contraire, la majorité m’a désigné. »
Avant l’été, l’équipe municipale l’a élu pour prendre la relève. Certain de bénéficier du soutien du maire, il découvre « dans le journal », qu’il n’en est rien et que ce dernier participera bien aux élections, en queue de liste pour le compte de Jacques Martel. Malentendu ? trahison ? Le dauphin tient un tout autre discours. « Lorsque l’on fait une liste, la moindre des choses et d’y accorder une place pour le maire sortant. Paul Lammin ne l’a jamais fait », note-t-il. Balle au centre.
Une campagne illégale ?
A gauche, la liste de Sylvie Brachet refuse d’arbitrer le match. Pour la seule liste ouvertement politisée (« quand on se dit sans étiquette, c’est qu’on est à droite ! »), cette guerre fratricide tombe à point nommé. « Notre liste est nouvelle, elle veut faire table rase du passé», lance Muriel Vanesse, 11ème de la liste Brachet, lassée par « le manque de transparence à la mairie. » De plus, difficile d’envisager une alliance entre les frères ennemis dans l’éventualité d’un second tour. Pour elle, le candidat Martel flirte avec l’illégalité. « On se renseigne auprès du CSA pour savoir si un candidat peut être ainsi mis en avant au détriment des autres, prévient-elle. S’il passe avec 70% des voix, forcément ce n’est pas normal, on attaquera. »
Malgré les tensions, tous affirment vouloir remettre la politique sur le devant de la scène. « Je préférerais qu’on vote pour mon programme plutôt que parce qu’on m’a vu à la télé », relativise Jacques Martel. Surtout que Bergues ne manque pas d’enjeux. Déficitaire de 6 millions d’euros, la ville doit revoir sa politique en matière de propreté et de stationnement. Peut-être trouvera-t-elle le salut dans sa gloire récente ? Quand on y pense, si la ville touchait un euro par place de ciné vendue, il n’y aurai bientôt plus de dettes à Bergues. Si Danny Boon se présentait, se serait tellement plus simple.
Marie-Adélaïde Scigacz
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