Christian Vanneste dénonce «le comportement insupportable de Nicolas Sarkozy»

On attendait une surprise à Tourcoing. Mais pas celle-là : Michel-François Delannoy a été élu dès le premier tour. «Vous voulez dire ''le tour''» corrige-t-il en riant... 53,58 % : du jamais vu pour une liste de gauche aux municipales, d'emblée... Et surtout : 30,71% pour Christian Vanneste, doublement dépité, dénonçant «le comportement insupportable de Nicolas Sarkozy», et insultant à la sortie de la mairie le candidat Modem Michel Van Tichelen (8,46%, autant de voix prises à la droite traditionnelle). «Il m'a dit que j'étais un être méprisable et un con», se désolait le prof de maths. Le tout devant une caméra.

C'est un double désaveu pour la majorité présidentielle UMP qui survient à Tourcoing : désaveu pour Sarkozy, mais aussi désaveu personnel pour M. Vanneste et sa dureté verbale. Car si l'on observe le résultat du premier tour des cantonales à Tourcoing Sud, Brigitte Lherbier, la juriste et candidate UMP, résiste beaucoup mieux à la poussée de la gauche. Pas étonnant car l'enseignante de la fac de droit de Lille est bien plus modérée dans ses propos.

Pour Michel-François Delannoy, «cette victoire est celle d'une liste du rassemblement.» Les Verts, notamment, l'ont soutenu, alors qu'ils partaient seuls à Lille, et surtout Villeneuve-d'Ascq et Roubaix. «Je suis très heureux aussi de voir le déclin du Front National (7,26%). C'est le résultat du travail que nous avons effectué auprès des habitants de quartiers comme le Virolois, la Blanche Porte, les Phalempins...» Et le nouveau maire a salué Martine Aubry, «qui est pour une bonne part dans ce succès.»

Il est vrai que le score écrasant de la gauche à Tourcoing va appuyer psychologiquement la candidature de l'actuelle maire de Lille à la présidence de la communauté urbaine (LMCU). Marc-Philippe Daubresse, son rival UMP à LMCU, réélu à Lambersart, le sait, ce qui explique son énervement en direct sur le plateau de France 3. «Les journalistes ont trop parlé de Tourcoing.» Ils n'étaient pourtant pas les seuls. Et à trop soutenir le sulfureux Vanneste, l'UMP s'est peut-être brûlé les ailes communautaires ce 9 mars.

Geoffroy Deffrennes, pour «Chroniques de mars»