A Villeneuve d’Ascq, Caudron vire seul en tête

Le candidat dissident est largement devant

Gérard Caudron est en train de réussir son échappée en solitaire. Après avoir claqué la porte du PS , il crée la surprise. Largement en tête devant les candidats PS et UMP, il a de bonnes chances de triompher dimanche prochain. Explications.

Il était parti seul contre tous, il est désormais loin devant tout le monde. Le dissident Gérard Caudron a déjoué tous les pronostics dimanche soir: avec 42,8% des voix, il est largement devant Jean-Michel Stievenard (27%), candidat officiel du Parti socialiste. Didier Plancke (UMP) n’a obtenu que 10,7% des suffrages.

Au premier étage de l’Hôtel de ville, le candidat Caudron a pourtant eu dimanche soir le triomphe modeste, voire discret. Il a serré pas mal de mains, embrassé ses colistiers avec effusion, prononcé un bref discours. Point de déclaration fracassante ni d’effet de manche, un comble pour ce tribun fort en gueule au verbe facile.

En fait, Caudron n’a pas besoin d’en rajouter : il est presque sûr de triompher dimanche prochain. « Cela semble bien parti », confirme un militant qui veut rester prudent.

Pour ce premier tour, Gérard Caudron a su profiter à plein de son image de «père fondateur»: dimanche, les électeurs ont moins voté pour le candidat que pour l'ancien maire, à la tête de la ville pendant près de 25 ans. «C'est le triomphe de la nostalgie», lâche un habitant, amer.

Face à Caudron, le rival défait tente de faire bonne figure. « La droite s’est effondrée dans notre ville » se borne à observer Stievenard, ancien adjoint du maire Gérard Caudron entre 1977 et 2001. Il lance pour l’entre-deux tours un appel au rassemblement, qui ressemble fort à un cri dans le désert.

On voit mal en effet qui pourrait s’allier avec lui. Pour Gérard Caudron, l’idée est inconcevable. « Ce serait se moquer du monde, lance-t-il. On s’est opposé pendant toute la campagne, ce n’est pas pour s’embrasser maintenant. »

«Faire partie d'une liste qui gagne»

La candidate des Verts Florence Lecocq (5,6% des voix) ne veut pas se prononcer clairement, mais se contente de rappeler : « Gérard Caudron a entamé avec nous des discussions avant le premier tour. Du côté de Stievenard, on a toujours trouvé porte fermée. » Il est donc plus que probable que les Verts se rallient à Caudron. Au moins sont-ils d’accord sur un point essentiel : leur refus catégorique à la construction du grand stade à Villeneuve d’Ascq.



Tous les regards sont donc tournés vers le Modem, dont le candidat Christian Carnois a bien failli franchir la barre des 10% (9,4%). Une chose semble désormais acquise: il ne s’alliera vraisemblablement pas avec l’UMP Didier Plancke. « On n’a pas grand-chose à attendre d’une alliance avec la droite », affirme-t-il. Pour lui, un seul objectif : « Faire partie d’une liste qui gagne ». Il glisse par ailleurs qu’il se sent « très proche» de Gérard Caudron en ce qui concerne son opposition au grand stade… De là à l’imaginer se rallier à l’ancien maire, il n’y a qu’un pas.

Didier Plancke de son côté n’espère pas grand-chose. Il se dit fier d’incarner le « rassemblement des électeurs de droite », face à des «candidats archaïques».

Pour lui en tout cas, comme pour beaucoup d'autres, le grand perdant de ce soir s’appelle Jean-Michel Stievenard.

Cyprien Boganda
(Son: Laurie Fachaux)