vendredi 14 mars 2008

Communauté urbaine : mais que va bien faire Henri Ségard?

C'est l'une des grandes questions du moment. Avec près de 50 conseillers communautaires, Henri Ségard pourrait bien détenir la clé du scrutin du 18 avril, qui doit désigner le président de LMCU. Choisira-t-il Martine Aubry(PS) ou Marc-Philippe Daubresse(UMP)? Ces derniers temps, il refuse obstinément d'évoquer la question. Puisqu'il ne veut plus en parler, autant se souvenir de ce qu'il a déjà dit.


«Je suis très courtisé». Il l'affirme sans modestie et on n'a aucune peine à le croire: le président du groupe Métropole passions communes, qui rassemble les maires sans étiquettes de la métropole, peut faire pencher à lui seul la balance le 18 avril. Le calcul est fort simple. Pour gagner, l'un des deux candidats devra remporter au moins 86 sièges sur 170. Or ni Aubry (60 socialistes), ni Daubresse (22 UMP)ne peut prétendre y arriver seul. D'où l'impérieuse nécessité de «courtiser» Ségard l'«électron libre». Encore faut-il déchiffrer son positionnement. Fin tacticien, le pharmacien de 51 ans a multiplié les déclarations ambiguës, voire franchement contradictoires.

Sur la présidence de LMCU

«Dans un vote à bulletin secret, tout est possible. Martine Aubry ne fait pas l'unanimité à gauche, mais M.Daubresse suscite autant de méfiance à droite.» (Le Monde du 16 janvier) C'est ce qu'on appelle rester dans le flou. Deux mois plus tard, Henri Ségard se fait cependant plus affirmatif:

«Il n'est pas exclu que Martine Aubry gagne au premier tour. Ce serait un très bon scénario». (La Voix du Nord du 1er mars) Cet élan d'enthousiasme a de quoi surprendre, surtout pour quelqu'un qui prétend être neutre . Dans le même interview, Ségard assène:«Daubresse n'arrivera jamais à une majorité tout seul.» L'explication de son acharnement s'explique peut être par l'épisode de 2001. A l'époque, Ségard se présente à la présidence de LMCU contre Pierre Mauroy. L'UMP Marc Philippe Daubresse choisit à la surprise générale de faire alliance avec le socialiste Mauroy.

En fait, les deux hommes s'opposent en politique depuis longtemps. Quant Henri Ségard devient maire de Comines en 1989, il se présente contre le démocrate chrétien...Marc-Philippe Daubresse.

Rien n'indique cependant avec certitude que Ségard soutienne la candidate PS.

Après tout, au début de l'année, le pharmacien a bien proposé à Daubresse de le soutenir pour LMCU si ce dernier favorisait sa candidature au beffroi de Lille... Un accord étonamment politicien pour celui qui déclarait en février que la communauté urbaine doit rester «un outil technique(...) et non pas un théâtre politique» (le Figaro, 12 février) .

Daubresse en tout cas veut rester confiant. «Avec Riton, on déjeune régulièrement ensemble», a-t-il lâché jeudi matin à Lille, histoire de balayer d'un revers de main les anciennes querelles.

Sur les municipales

«Le président de la communauté urbaine doit être le maire de Lille, ou son plus proche allié» (le Monde ,16 janvier). La formule fait de l'effet mais n'aurait pu rester qu'une phrase anodine. Il n'en est rien. Début mars dans la Voix du Nord, Ségard entretient l'ambiguïté. Interrogé sur ses prévisions pour les municipales, il lance un: «A Lille, c'est sûr, c'est Aubry.»

Henri Ségard va-t-il prendre fait et cause pour la candidate PS si celle ci devient maire dimanche prochain? Le calcul pourrait alors être de soutenir Aubry cette fois-ci, quitte à se présenter lui même la prochaine fois en position de force. L'hypothèse séduit certains analystes, mais elle n'est absolument pas sûre. Avec Henri Ségard, la seule certitude est que rien n'est simple.

Cyprien Boganda

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