mercredi 5 mars 2008

La constitution d’une liste Front national pour les municipales est-elle devenue un parcours du combattant ?

85 candidats présentés dans des villes de plus de 10.000 habitants, soit presque moitié moins qu’aux municipales de 2001. Seulement 33 départements couverts. Pas de liste à Nantes, à Toulouse, à Rennes. Aucune présence en Lorraine et en Franche-Comté, où les résultats électoraux sont pourtant traditionnellement bons. La faute à une situation financière délicate, liée à la baisse des subventions publiques après l’échec des législatives (ça coûte cher de multiplier les listes), à l’effritement du militantisme (ça demande des forces vives de multiplier les listes), mais aussi aux querelles d’investiture (ça fait des histoires de multiplier des listes).


Renseignements pris auprès du Front national, tout le monde, ou presque, peut figurer sur une liste FN aux municipales, à condition de ne pas être encarté ailleurs. En revanche, les choses se corsent lorsqu’on prétend à devenir tête de liste. Comme dans la majorité des autres partis, une commission d’investiture reçoit les candidatures, décide et arbitre. Si plusieurs candidats se font concurrence, ce sont les membres de la commission, issus du bureau politique, qui décident. En fonction de quoi ? Selon Julien Sanchez, de critères multiples : ancienneté, notoriété, implantation locale… Pour certains candidats déçus comme Luc Pécharman (écoutez l'interview réalisée par Julien), les choses ne sont pas aussi claires et la pilule est amère.

Désignations sur fond de clivages internes

Allié aux Identitaires, l’élu lommois n’ a pas obtenu le soutien de son parti. Pour Jean-Yves Camus, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Front national, le FN est pris entre deux feux. Il doit s’accommoder de la volonté de rénovation voulue par Marine Le Pen et ses lieutenants, sans pour autant contrarier ses éléments les plus durs. D’où certains arbitrages difficiles… «Le FN ne peut pas cautionner une liste d’union avec les Identitaires et jouer le recentrage», analyse Jean-Yves Camus. «Mais les anti-marinistes n’ont pas été lésés dans les désignations pour les municipales. Avec le revers subi aux présidentielles, la crise des vocations militantes, l’effritement de l’électorat, en partie récupéré par l’UMP, les proches de Marine Le Pen ne pouvaient pas se permettre mettre au ban qui que ce soit. » Si ce n’est lors des arbitrages d’investitures.

Reste que les listes d’union non étiquetées FN (avec les Identitaires et/ou avec le MNR de Bruno Mégret) sont nombreuses, beaucoup plus que lors des dernières municipales. « Il va falloir regarder de très près le score de ses listes. Le Front national pourrait être surpris du poids des Identitaires», conclut Jean-Yves Camus.

Emilie Gavoille

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