vendredi 7 mars 2008

Les municipales ne franchissent pas la frontière - notre carte interactive


Une seule rue, deux pays. D’un côté Tourcoing la française, de l’autre Mouscron la Belge. Au milieu serpente un terre-plein, vestige de la frontière entre les deux pays. Aujourd’hui, le passage est libre, la frontière virtuelle. Côté Belge, une plaque délavée indique pourtant toujours la dénomination évocatrice de la rue : «La Limite». Une barrière que l’actualité politique française ne parvient pas à traverser.


Les deux côtés ont pour seul point commun d’être délaissés par leurs deux villes respectives. «C’est la limite» s’amuse l’habitant du numéro 11. Ici, beaucoup de maisons sont à vendre, bon nombre de commerces ont tiré le volet. Sur l’ancienne zone frontalière, un terrain vague, une maison en ruine. Et cette rue double, rue de la Limite, côté Belge, rue Gaston Lepers, côté français. Pas de numéro pairs ou impairs, du 1 au 45, sans interruption, des deux côtés de la rue.

Les élections municipales qui ont lieu juste de l’autre côté de la route ? Cinq mètres trop au nord pour en être tenu informé. «On en entend déjà bien assez dans notre pays», explique Jeanne, habitante de la rue. «Même au niveau belge je ne m’en occupe pas, alors en France…» explique son voisin.

«Je travaille en France, alors j’ai entendu parler de Christian Vanneste», lâche le propriétaire au numéro 31. «Mais à part lui, personne.»

Deux maisons plus loin vit un couple de Français, Jean et Yolaine. Voilà plus de 45 ans qu’ils sont passés de ce côté-ci de la route. «On reçoit toujours les programmes des partis politiques, expliquent-ils. Mais cela ne nous intéresse pas. Nous vivons en Belgique depuis longtemps» Tout juste parviennent-ils à expliquer que Martine Aubry est de nouveau candidate à la mairie de Lille. «On regarde de temps en temps France 3», confient-ils, pour se justifier. Mais Tourcoing, de l’autre côté de la rue, aucune idée.

«C’est un peu triste, confie une habitante française. Il était question à une époque de faire un marché sur l’ancienne frontière. Cela ne s’est jamais fait, et au final on parle peu avec les Belges d’en face.» Rue de la Limite : d’un trottoir à l’autre, deux villes, deux pays.


Agrandir le plan
Julien Licourt


Aucun commentaire: