mardi 4 mars 2008

A Villeneuve d'Ascq, Gérard Caudron seul contre tous

L’ancien maire socialiste a déclaré la guerre à l’édile actuel, investi par le PS, mais aussi au président de la communauté urbaine Pierre Mauroy et au parti tout entier. Un pari risqué ?

Gérard Caudron veut retrouver son fauteuil à Villeneuve d'Ascq

La gauche se déchire à Villeneuve d’Ascq. Compagnons d’arme politique pendant 30 ans, Gérard Caudron et Jean-Michel Stievenard sont à couteaux tirés. Le premier mène une liste dissidente « Ensemble pour Villeneuve d’Ascq 2008 » contre le second, actuel maire et candidat investi par le PS.

« Beaucoup de Villeneuvois ne veulent plus du maire actuel », affirme Caudron. Le candidat nourrit surtout deux rancunes à l'égard de son ancien adjoint.

« Il a cédé devant l’appétit des promoteurs immobiliers », dénonce-t-il tout d’abord. En clair : il l’accuse d’avoir construit plus de logements que prévus dans les quartiers de La Hauteborne et du Recueil (500 au lieu de 300), provoquant des « problèmes de stationnement » et d’ « engorgement ».

Stievenard se défend en pointant le caractère social de la mesure. « Nous avons imposé aux promoteurs de rendre certains logements accessibles à 125 000 euros seulement, explique Marjolaine Pierrat-Feraille, directrice de cabinet. Nous avons aussi multiplié les logements sociaux. »
« Poudre aux yeux, réplique Caudron. On ne fait pas du logement social avec des bailleurs privés. »

Seconde critique : « Stievenard a privatisé l’éclairage public. » C’est en effet une filiale de la multinationale Suez qui s’occupe désormais de l’entretien des lampadaires.
« Le système était complètement défectueux et nous coûtait 1,5 millions d’euros par an, affirme-t-on dans le camp Stievenard. On a préféré faire appel à Suez et mettre les sept employés qui changeaient les ampoules à des postes plus importants
« Stievenard hurle à Paris contre les privatisations et privatise dans sa propre ville», tonne Gérard Caudron. « Il n’est plus à gauche », conclut-il.

Autre cible du candidat dissident, Pierre Mauroy, président de la communauté urbaine. Il s'insurge contre le projet de grand stade, un « gouffre » de plus de 700 millions d’euros . « Cet argent pourrait servir à construire des logements sociaux», affirme un militant pro-Caudron.

La querelle entre les deux hommes est ancienne : « En 1977 déjà, je me suis opposé à Mauroy quand il voulait nous imposer notre rattachement à Lille. »

Contre «Delanoë, Aubry et les autres»


Caudron a claqué la porte du PS en 2001, accusant les socialistes de ne pas être « assez à gauche. » Il condamne la hierarchie du Parti, « Bertrand Delanoë, Martine Aubry et les autres », pour leur gestion trop « technocratique ».


Jean-Michel Stievenard (à gauche), c'est le candidat officiel, qui bénéficie du soutien des huiles socialistes (ici avec Daniel Percheron, président du conseil régional)(photo trouvée ici)

Résultat, l’intraitable Caudron fait cavalier seul et rend l’issue du scrutin incertaine. S’il est vrai qu’il bénéficie d’un vaste soutien populaire, il est aussi à peu près sûr qu’on s’achemine vers un second tour dimanche prochain. Une première depuis…1977, date de la première élection de Gérard Caudron. Le candidat UMP Didier Plancke espère bien profiter de la situation.

edit (mardi 11 mars, 11h56): Marjolaine Pierrat-Feraille n'est pas directrice de cabinet mais bien attachée de presse de Jean-Michel Stievenard.
Cyprien Boganda

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